Pourquoi chercher à connaitre les origines du destin, celles qui nous échappent toutes ou presque ? Avions nous vraiment une raison valable pour croire que l’infiniment grand demeurait au final infiniment petit ? La réalité d’un fait ne mettait pas forcément tout le monde sur la bonne ou la mauvaise route, c’était ainsi et pas autrement. Longtemps, Alaska c’était interrogée sur les causes mystérieuses du destin, celle qui conduisait certains individus sur le chemin imminent de la mort alors qu’ils étaient si jeunes, si vivants. Mais aucune raison propice à ses attentes ne répondaient à ses questionnements incessants. En ce jour pluvieux de novembre, alors que les premières neiges avancées de l’hiver venaient jouer dans la brise d’un vent glacé et frigorifiant, un amas de gens vint s’attrouper autour d’un énième cercueil à mettre en terre. Un enterrement de plus à mettre sur le compte du hasard et de la faiblesse humaine. Là, une petite fille vêtue d’un manteau de saison bleu marine tenait la main d’un homme, qui a première vu de ressemblance pointilleuse devait être son paternel. Ce dernier donna une légère pression sur la main de la gamine afin de lui faire signe de partir, mais rien y fit durant quelques minutes, la douce et silencieuse enfant demeurait là, présentement immobile, son regard azuréen scrutait la vision macabre de ses souvenirs, de sa tendre figure maternelle, qui désormais était abonnée au registre angélique et croyant du ciel, ce paradis très certainement inventé de toute pièce par certains hommes d’églises. L’homme abordant une veste noire de deuil, se baissa à sa hauteur, lui prit les mains - un geste destiné à la mettre en confiance comme à la rassurée - et répliqua sur un ton murmuré et calme. « Aska, je sais que c’est difficile d’autant plus pour toi, mais nous devons y allés maintenant. ». Levant ses prunelles bleutées et intenses, la dénommée Alaska plus connue sous l’appellation coutumière d'Aska, toisa son père d’un regard catégoriquement négatif. Secouant son visage de bohème égalant celui de la porcelaine, elle soupira en silence priant pour que son médecin de père réalise qu’elle désirait rester encore un peu en solitaire avec l’esprit naturel de celle qui l’avait mise au monde. Le vent souffla alors dans sa chevelure dorée aux nombreux reflets de miel, un vent qui apportait avec lui l’odeur habituel d’un vieil ami, ce petit vieux avec lequel, elle avait pour habitude de jouer aux échecs. Le « vagabond », comme elle l’appelait de temps à autre, présenta dès lors ses condoléances au chef de la famille Black-Sully puis d’une œillade entendue s’avança vers la petiote de huit années. D’apparence mal fagoté, l’ancien enseignant à la retraite lui dit. « Nous en sommes tous là Alaska, mais je tenais à être présent. ». Un silence d’une minute s’installa, puis elle répondit sur une intonation ayant perdue de sa joie de vivre. « Je l’ai vue. ». Fronçant sérieusement les sourcils, le vieillard s’approcha un peu plus de son interlocutrice et l’interrogea derechef. « Qu’est ce que tu sous entends par là, ma grande ? ». Yeux fixant amèrement l’horizon, elle reprit. « J’ai vue ma mère mourir sous mes yeux et je n'ai pas bougée, comme si sa perte était irrévocable. Je suis responsable de son décès professeur. Tout est de ma faute. ». Ces paroles étaient tellement nonchalantes et mélancoliques, que le chercheur en biologie qu’il demeurait au font de lui, comprit tout de suite là où elle voulait en venir. Cette gamine avait comme un sixième sens, qu'elle devait sans doute à son solitarisme grandissant. Voila pourquoi à de nombreuses reprises, elle tentait de le convaincre sur certains de ses faits et gestes, et aussi pourquoi son calme et froideur la rendait encore plus mature. « Ne te rend pas responsable ma grande, et faisant de même en ce qui concerne ton instinct. Tu ne pouvais rien faire Aska, strictement rien. Tu en es sortie vivante ... C'est un hasard, rien de plus. ». Alaska se retourna vers son adversaire et ami d’échecs et baissa son regard vers le par terre blanc et humide du cimetière.

A tous les moments d’une vie on se sent parfois inutile et on sent dès lors que tout ce que l’on a peu vivre ou découvrir nous parait alors invisible. J’ai parfois l’impression de sombrer dans les limbes de l’illusion, celles où tout n’est que rêves et imagination à la fois et alors tout me semble dérisoire. Cela est étrange de savoir la raison de l’existence de tant de pourquoi et de questions complexes comme fortuites. Sommes-nous tous des individus en perte de notre identité ou bien avons-nous perdus foi en la bienséance de la vie de tous les jours ? Je me pose beaucoup de trop d’interrogations pour rien, mais si ce cauchemar cessait enfin de me hanter la nuit, je pourrais certainement y voir beaucoup plus clair.

« Mademoiselle Black-Sully ? Mademoiselle ?! ». Elle n’entendait rien de bien précis si ce n’était une voix familière qui lui embrumait l’esprit quelques peu. Finalement lorsqu’elle reconnut la voix de sa patronne, la belle blonde se retourna un peu vite et finit sa chute sur les fesses et par terre. « Vous étiez encore dans la lune ou encore en train de réfléchir à ce que je peux voir, je me trompe ? ». Levant légèrement ses prunelles azuréennes au ciel de manière rapide, Alaska en profita pour se relever et reprendre en main l’ouvrage qu’elle était en train de ranger avant que sa chef ne vienne la remettre à l’heure sur la pendule actuelle. « On ne peut rien vous cachez, le dernier livre de Wilde y est pour beaucoup je dois l’avouer. ». Esquissant un sourire entendu les deux femmes avancèrent d’un pas similaire dans les rangées de livres lorsque la jeune femme, répliqua. « Vous vouliez me demander quelques choses ? ». Toisant son employer d’une expression interrogatrice, la douce attendit patiemment la requête qu’allait lui soumettre sa supérieure. Alaska avait toujours eu de très bonnes relations avec sa patronne qui la connaissait bien avant la mort de sa pauvre mère, et elle espérait que leur entente allait toujours prendre une bonne direction. La cinquantenaire se tourna vers la jeune femme et commença. « Oui, c’est exact. Nous avons un nouvel arrivant dans l’équipe et j’ai pensée qu’il était bon que cela soit toi qui te charge de lui expliquer un peu le fonctionnement des horaires, et du personnel. ». La Black-Sully écarquilla derechef les yeux, quelques peu surprise que la propriétaire de la librairie lui afflige cette tache. Elle trouvait cela étrange d’autant plus que ce n’est guère son rôle de s’occuper de ça. Se tournant vers l’étagère des romans français, elle rangea tout de suite le manuscrit qu’elle avait un peu plus tôt en main. « Bien sur, pas de problèmes. ». Présentant une expression plus que satisfaite sa chef se mit à rire d’un air victorieux. « Merci beaucoup Alaska tu me rends un grand service ! Il arrivera sous peu bon courage ! ». A peine cette réplique lancée, que son interlocutrice plia bagages pour se remettre à son boulot propre. Elle soupira alors et passa une main dans sa chevelure ondulée. Elle s’avança vers le comptoir central de la bibliothèque et entendit la voix réprobatrice de sa collègue de travail. « Alors on ne refuse rien ma belle, tu vas diriger le petit protégé de la patronne ?! ». Ignorant la frimousse envieuse de sa camarade, Alaska lui répondit spontanément. « Je m’en serais bien passé, mais refuser ça serait perdre mon boulot et ma bonne entente avec elle, alors je perd au change. ». Elle s’installa ensuite derrière son ordinateur portable - qu’elle ferma - et rangea ses affaires dans son sac. « Tu veux pas arrêter d’être négative ma belle ?! C’est un canon ce type sérieusement ! ». Les yeux toujours rivaient sur ses affaires, elle poursuivit. « Il pourrait être le président des Etats Unis pour moi ça serait pareil Livia. Je fais mon boulot et point final. ». Elle enfila sa veste rapidement et glissa son sac sur son épaule. « Bon je file, je dois allée chercher ma frangine. ». Elle se retourna et se mit à courir lorsqu’elle sortit de son lieu de travail. Elle courrait si vite qu’en bifurquant dans la ruelle de droite, elle percuta de plein fouet un jeune homme et ils se retrouvèrent tout de deux dans une chute sur le macadam. Les deux jeunes gens se relevèrent d’un même geste, et ce fut le jeune homme qui ouvrit la bouche le premier, coupant l’herbe sous le pied à Alaska. « Je suis désolé mademoiselle, vous n’avez rien de cassé ? ». Secouant la tête d’un geste négatif, la blondinette sourit d’un air amusé. « Ne vous excusez pas, j’étais pressée et je n’ai pas vraiment fait attention. J’y suis donc pour quelques choses dans cette maladresse. ». « Je peux vous invitez à boire un café pour … ». « … Je suis un peu prise par le temps, mais à une prochaine fois peut être, à bientôt. ». Elle reprit sa course sans se retourner en direction de sa voiture avant d’arriver en retard au rendez vous que lui avait fixé sa cadette.

« Tu es en retard, mais je suis contente que tu sois présente ! ». L’exclamation joyeuse de sa jeune sœur lui faisait plaisir, après tout elle avait toujours été la pour elle bien que ces derniers temps, elles ne se voient que très rapidement. Voilà l’une des raisons qui avait poussée Julia à fixer des rendez vous, afin de passer quelques heures entre frangines. Alaska s’approcha de sa cadette et la serra doucement dans ses bras. « Oui j’ai percuté un jeune homme dans la rue en voulant rejoindre ma voiture et … ». « Il était mignon ? Il t’a laissé son numéro de cellulaire au moins ou encore mieux il t’a invité à boire un café et ce qui explique ton retard ? ». Julia avait l’air curieuse - une caractéristique qui semble fortement les différencier - de savoir ce qui c’était déroulé, elle n’allait pas être déçu puisqu’il ne c’était rien passé du tout. « Non il ne m’a pas laissé son numéro personnel et oui il m’a invité à boire un café mais j’ai refusée pour ne pas arrivé en retard, bien que je le sois déjà. ». La plus jeune soupira en ne pouvant réprimait un rire narquois, et c’est sur ce rire complice que la fratrie blonde partit en direction du centre ville. Le lendemain comme d’habitude, l’universitaire en littérature poussa porte de la librairie. La première heure de travail passa très vite, la seconde en revanche allait bientôt rimer avec surprise et l’expression être mis au pied du mur. Alors qu’elle tapait les dernières informations sur l’inventaire de la journée, Alaska reporta son attention sur le client qui accoudait au comptoir de son bureau semblait attendre depuis quelques secondes. « Je peux … ». Elle baissa alors son regard sur son écran de pc et reporta son regard bleuté sur la personne avec laquelle elle c’était heurtée. « Le monde est bien petit je crois ! ». « Oui. Mais comment se fait il que vous … ». Elle réfléchit alors vaguement et finit par comprendre qu’il s’agissait de la personne dont elle avait la « charge » en matière d’explication dans le domaine du boulot. « Vous êtes le nouveau membre du personnel alors ? ». « Exactement, et vous devez être la jeune femme dont m’a parlé Marjorie ? ». « C’est ça. ». Après un café et des heures de job en commun, ces deux la ont finit par sympathiser. Le jeune brun pense bien sur pouvoir faire pencher la balance en son avantage bien que sa nature ne soit pas vraiment propice. L’odeur de l’humaine semble le dominer mais par bon présage, ils ne se côtoient pas assez pour qu’il laisse sa nature primaire se développer, mais pour combien de temps encore ?