Indépendante, elle sera.
1902 - Melbourne, AU.

Hannah est née l'année où les Australiennes acquirent le droit de vote. C'était une époque tendue - de nombreux conflits opposaient le peuple au pays colonisateur. Mais, c'était une époque prospère, pour la famille Jefferson. Hannah avait toujours eu la grande chance de vivre dans une atmosphère sereine. Sa mère prenait énormément soin d'elle et de ses frères et sœurs. Mais, elle était la petite dernière, c'était la plus choyée. C'était le petit soleil de la famille, la petite tête blonde faisait sourire chacun. Elle était très facile à vivre, très souriante, aimable avec tout le monde. Personne ne trouvait rien à dire sur cette petite.

Mrs Jefferson savait bien que l'époque d'enrichissement ne durerait pas éternellement - bientôt cette époque serait révolu et elle aurait besoin, elle et toute sa famille, de base solide pour continuer à vivre la belle vie. D'après elle, ses enfants devaient s'instruire, c'était la base du succès et de la richesse. Elle était en tout cas certaine d'une chose : Hannah aurait un grand avenir, si elle accédait à des études, elle pourrait réussir dans ce monde. Catherine avait beaucoup d'espoir dans cette petite. Elle était intelligente et malicieuse, en plus d'être belle et élégante. Dès son plus jeune âge, elle l'a prépara à cette avenir. Durant les longues heures où elle prenait soin de sa chère petite fille, elle lui parlait et la faisait rêver. Lui parlant des beaux jours où elle serait une femme intelligente, belle et indépendante. Elle n'aurait pas besoin de vivre sous la tutelle d'un quelconque homme. Elle n'était pas née cette année là pour rien !

Catherine lui disait souvent le même discours. Mais Hannah adorait écouter cette femme, elle l'admirait. Pour la rendre fière, elle ferait tout et n'importe quoi - même acquiescé l'avenir rêvé qu'elle lui promettait.

« Ma chère Hannah, vous êtes une réelle poupée, vos cheveux sont absolument parfait ! Mais vous savez, contrairement à Marguerite, votre soeur, je vous promets un avenir beaucoup plus prometteur que celui d'être juste une belle femme. En effet, vous ne serez pas juste la femme d'un riche homme influant. Non, j'en suis certaine, vous réussirez par vous même ! Apporterez votre trace dans ce monde. Par quel moyen, je ne le sais pas encore... mais au plus profond de moi, je le sais - et je me trompe très rarement ! »

Vilaine, elle sera.
1918 - Sydney, AU.

Hannah avait suivi toutes les recommandations de sa chère mère. Bien entendu, tout ses désirs étaient des ordres. Abandonner sa famille vivant à Melbourne, pour rejoindre un lointain oncle à Sydney, l'était également. En effet, Catherine voulait que sa fille intègre un groupe sélecte de jeune fille cultivée, même si pour cela, elle devait s'éloigner de sa famille. Ainsi, elle était censée prendre énormément de pouvoir dans le monde et pouvoir comme sa mère lui avait toujours prédit : être riche et indépendante, elle pourrait vivre sans être à la solde d'un homme quelconque. Pour son époque déjà, elle avait une attitude très moderne - elle osait imposer ses idées et sa vision du monde, où l'homme et la femme seraient égaux et auraient exactement les même droits. Elle ne passait jamais inaperçue dans les conférences dans lesquelles elle participait, posant toujours une question fâcheuse, ou tout simplement en posant une question alors qu'en général, les femmes étaient tranquillement dans le fond de la salle.

Un jour, après une conférence sur le marché actuel en Australie et les voies maritimes qui les enrichissaient tous, un jeune homme s'approcha d'elle. Au début, il paraissait tout à fait normal : élégant et sympathique. Il paru même intéressé par le point de vue de la jeune fille. Bien sûr, il disait tous ce qui fallait pour la mettre dans sa poche. Habituellement, elle n'était pas aussi naïve ! Mais, elle était tellement flattée pour une fois qu'on l'approuve, qu'elle laissa le jeune homme s'approcher d'elle. Il l'invita à faire une balade..

« Ma chère, voudriez vous me faire l'honneur de m'accompagner pour une ballade ? Je serais fort intéressé de bavasser encore un peu au sujet de la conférence.. Puis le coin Est de la ville est particulièrement méconnu de la plupart des habitants de la ville, pourtant, c'est un coin absolument divin !
- La conférence a fini plus tôt que prévu et mon oncle ne m'attend pas avant une petite heure, alors pourquoi pas ! En plus, je ne connais pas encore très bien la ville.. »

Les souvenirs après devinrent très flous pour la jeune fille. Elle se rappela juste, d'un comportement qui changea du tout au tout à partir du moment où ils s'étaient retrouvés dans un coin isolé. Et, d'une douleur atroce. Elle n'était plus la même à partir de ce moment là : elle venait d'être transformée en un monstre ignoble ! Le monde n'était plus le même, tout était différent ... Elle était différente.


Effrontée , elle sera.
1930 - New York, EU.

Depuis sa transformation, Hannah n'était plus la même. Elle était devenue absolument monstrueuse. Elle vivait maintenant, depuis plus de douze ans avec Jake. C'était l'homme, ou plutôt le monstre, de celui qui l'avait transformée. C'était à présent son bien-aimé. C'était une vie dingue et passionnée, ou les états d'âmes étaient absolument inexistants ! Ils étaient tout deux, des Valtafea, des monstres. Tous les humains qui passaient sur leurs routes ne survivaient peu de temps. Pour cette raison, ils voyageaient beaucoup. Ils vivaient la grande vie et ne se privaient d'absolument rien. Seulement, ils ne devaient pas se faire repéré. Ils avaient quitter l'Australie peut de temps après la transformation d'Hannah - elle n'avait jamais donné signe de vie à sa famille. Elle n'y avait plus vraiment pensée à vrai dire. Ce n'était plus du tout la jeune Hannah : gentille, élégante, indépendante et douce. Non, elle vivait à travers Jake. Ce n'était pas de sa faute, elle ne se contrôlait pas. Elle ne l'aimait pourtant pas, mais elle avait peur.. Peur de se retrouver seule, que personne ne veuille d'elle, elle : le monstre.

Ainsi, jusqu'à là, elle s'effaça face à son maitre. Elle ne faisait que suivre. Finalement, elle prit presque goût à cette vie trépidante .. Au fond, elle ne pouvait pas faire autrement : elle avait changé, son corps avait changé et malgré le fait qu'elle veuille s'imposer, elle ne pouvait pas, c'était sa condition qui l'en empêchait : c'était simplement dans sa nature que d'être ainsi, d'être monstrueuse, sanguinaire, sans morale.

Cependant, leur voyage à New York fut une réelle étape dans sa vie de monstre. Ils rencontrèrent de nouvelles personnes, de nouveaux monstres. Elle apprit beaucoup à leurs contacts. Ainsi, qu'elle pouvait survivre sans Jake, qu'elle pouvait passer inaperçu parmi les humains et vivre avec eux. Cette année là, elle s'imposa. Elle se révolta contre Jake. Elle le quitta.

« Je ne veux plus rester avec toi ! Nous ne sommes absolument pas fait l'un pour l'autre. Même dans ces conditions, je mérite mieux ! Je n'ai pas besoin de toi pour survivre et j'ai appris qu'il n'y avait pas que toi sur cette Terre. Je pars, et cette fois, je pars seule.
- Resiosa ! Tu ne peux pas m'abandonner, je t'ai transformé ! Nous sommes liés pour la vie.. Pense bien à ce que tu vas faire, tu vas le regretter, dans quelques temps tu te sentiras seules et tu reviendras pleurer auprès de moi pour que je te reprenne.. Il sera peut-être trop tard à ce moment là, penses-y bien, tu n'es pas irremplaçable !
- Il y a une chose que tu oublies également : toi non plus, tu n'es pas irremplaçable ! »

Sur ces paroles, elle s'était décidé - elle devait revenir la femme indépendante qu'elle avait toujours été. Elle prit ses affaires et partit pour Toronto, un nouveau voyage sans lui.


Sage, elle sera.
1969 - Paris, FR.

La vie suivait son cours. Cependant, Hannah changeait continuellement. Elle se découvrait petit à petit. Ses années rebelles passèrent à une vitesse. Elle était passée de la fille sanguinaire à une pacifique dans l'âme - si elle en avait encore une. Elle évoluait avec les époques. Apprenait à mieux se connaitre. C'était difficile, il fallait se contrôler mais plus les années passèrent, plus la tâche devenait aisée. Et ainsi, elle apprit qu'elle pouvait être autre choses qu'un monstre ! Elle pouvait vivre autrement.

A cette époque, elle entra même dans le mouvement hippie. Étudiait à Paris, à la Sorbonne. Se mêlaient au manifestation étudiante, pour réclamer les droits de ces derniers. Elle voyageait pas mal, se rendant où le vent la menait. C'était une belle époque. Elle avait réellement changée, elle était redevenue la jeune fille qu'elle était auparavant, ou presque. Elle était redevenue une fille presque normale. Elle participait à tous, c'est-à-dire, elle se laissait aller - c'était l'époque de la liberté, du rock-n-roll et de tout ce qui allait avec. Elle aimait cette vie.

Cependant, même dans les plus merveilleux moments, elle ne pouvait oublier sa condition. Elle avait appris à prendre sur elle et à se gérer dans n'importe quelle situation. Elle avait également appris, que tous les hommes n'étaient pas bons - ou en tout cas, elle pouvait l'être plus qu'eux, elle le monstre - et ce fut donc à cette époque là, elle découvrit la presse écrite et s'y intéressa réellement. Elle découvrit des monstruosités, qu'elle n'aurait pu imaginer..

« La peine de mort devrait être abolit ! J'en ai marre de voir à la une les affaires aussi horrible que celle-là. disait Babete, son amie la plus engagée politiquement - ou droguée, en lisant le journal par dessus son épaule un soir de pleine lune.
- Tu ne penses pas que ces Hommes méritent cette punition après ce qu'ils ont fait.. ?
- Tu es trop naïve ! Il y a surement tellement pire que ça, mais on en parle pas - ceux là sont juste tiré au sort pour faire les gros titres des journaux simplement.. Mais, les prisons regorgent d'Hommes mauvais ! Ce n'est pas juste, il devrait y avoir la même justice pour tout le monde.. »

Babete n'aurait surement pas approuvé sa vision des choses, mais à partir de ce moment là, elle décida de rendre le monde plus juste et d'essayer de rendre la même justice pour tout le monde comme elle le lui avait dit : elle décida qu'elle devait être juste en choisissant ses proies, elle devait choisir ceux qui ne méritaient pas de vivre, ceux qui avaient échapper à la justice..


Humaine, elle sera.
Aujourd'hui - Wellington, NZ.

BIIIP BIIIIIIP BIIIIIIIIIIIIIIIIP - Il était sept heures tapante lorsque le réveil matin de Hannah sonna. Une main sortit de sous un tas de couvertures et heurta le petit objet rectangulaire à son sommet, ce qui fit taire le vacarme assourdissant. On entendit grogner et la couverture fut projeter au fond du lit dans un battement de jambe. Hannah émergeait petit à petit. Le réveil était très difficile. Elle attendit ainsi cinq bonnes minutes à attendre que la lumière du soleil l'extirpe définitivement de ses rêves. C'était toujours dur de se lever pour la "jeune" fille - elle devait affronter la dure réalité.. sa condition qui l' horripilait terriblement. Sortir de ses rêves chaque matin était un réel défi, elle devait sortir de ce monde merveilleux, monde où elle n'est rien d'autres qu'une jeune fille tranquille et sans histoire. Elle donnerait tout pour cela, mais malheureusement pour elle, il ne faut pas prendre ses rêves pour des réalités.

Il était exactement sept heures dix lorsqu'elle se leva enfin. Elle prit une bonne douche d'eau froide - c'était la dernière étape pour la réveiller totalement. Ce n'était absolument pas désagréable, comme on pourrait l'imaginer, en tout cas pas pour elle. Après, avoir soigneusement choisit ses vêtements dans son énorme penderie, elle prit ses affaires et sortit. Elle avait rendez-vous avec ses camarades de classe comme tout les mardis et jeudis matins pour prendre le petit déjeuner avant d'aller en cours. C'était un moment qu'elle chérit tout particulièrement - elle avait à ce moment là, l'air d'être parfaitement normale. Elle voyait ses camarades non pas comme de la nourriture, mais comme tout simplement, ses amis.

Elle arriva au café où ils se donnaient tous rendez-vous pile à l'heure, comme à chaque fois. Tout le monde était déjà autour d'une longue table. Elle arriva un grand sourire sur les lèvres, et salua tout le monde :

« Salut tout le monde ! »
- Hannah ! Il ne manquait plus que toi. Tu ne sais pas la dernière nouvelle, j'imagine ? »

Susan faisait l'innocente. Elle bouillait à l'idée de raconter les derniers commérages comme à son habitude - tenant tout le monde en haleine. On aurait presque dit des adolescents. Mais, ils n'étaient après tout, pas loin de là. Ce sont des étudiants comme n'importe lesquelles - les petites histoires des uns des autres étaient leurs quotidiens. Ils vivaient au jour le jour, ponctué par des histoires d'amitiés et d'amour. Malgré sa condition, Hannah était comme eux. Il suffisait juste de voir comment elle regardait Jared pour s'en rendre compte...